par LEESU

L’architecture est inévitablement l’emphase mise sur le procédé de concevoir la troisième dimension de l’espace urbain. Autrement dit, elle l’accomplit dans l'espace. Inversement, la trame urbaine ne détermine pas seulement un support physique pour les éléments architectoniques, elle suggère également les conditions de milieu, particulièrement la lumière, qui forge la singularité de l'édifice. Par ailleurs, urbanisme et architecture s'identifient et se rejoignent : toute conception de la ville implique un langage architectural qui lui soit adapté; et mutuellement, toute architecture implique un discours urbain cohérent.

Les espaces urbains extérieurs sont également les lieux et manifestes des pratiques urbaines (marche, mobilité, commerce, …) par excellence qui se doivent d’offrir un confort aux usagers à travers une ambiance lumineuse appropriée tant à l’espace que à l’usage. Contrairement aux espaces intérieurs (échelle du bâtiment) ou les comportements solaires sont confinés dans un milieu clos, les espaces extérieurs sont sujets à d’importantes variations des paramètres difficiles à appréhender, tels que la température de l’air, le rayonnement, etc. Les particularités du milieu urbain entraînent des modifications climatiques considérables à tous les niveaux (Athamena, 2012). Il est donc crucial de mettre en exergue les relations qui subsistent entre la morphologie urbaine et la répartition de la lumière naturelle dans le milieu urbain.

En raison du fait que la morphologie urbaine soit reconnue communément reconnue comme une sédimentation de conditions historiques, politiques, culturelles et plus particulièrement architecturales dans lesquelles la ville a été créée et s’y est agrandie. Elle permet une lecture et compréhension de la ville et de l’évolutivité de ses formes (Lévy, 2005). img

Schéma inclusion des quatre niveaux de la morphologie urbaine (Source : auteur, 2013 inspiration Allain, 2004)

L’inclusion de l’ensemble des échelles morphologiques (Allain, 2004) est contenue dans l’échelle du site urbain qui décrit le rapport entre la forme urbaine et la morphologie du site naturel. Elle est suivie de l’échelle de la forme urbaine qui représente des éléments singuliers caractérisant la ville (grands axes structurants, grands équipements et monuments, configuration des limites). Ces derniers entretiennent des relations dont la nature est définie à l’échelle du tissu urbain. Enfin, L’échelle des formes architecturales a pour objectif de matérialiser le produit architectural à sa plus petite échelle.

Le choix de l’échelle dépend des objectifs de l’étude. Dans ce sens, la forme urbaine reste l’échelle la plus appropriée à l’étude d’un fragment urbain. Corrélativement, il s’agit d’une notion polymorphe saisissable (Lévy, 2005) à partir de différents aspects urbanistiques, architectoniques, géographiques, physiques et autres. Elle est souvent associée à l’approche bioclimatique pour des finalités de simulation des enjeux environnementaux actuels, du développement durable de plus en plus plébiscité pour faire face aux conséquences des consommations énergétiques sur le climat.

L’intérêt de l’étude morphologique permet de l’appréhension la pertinence de l’échelle de l’espace urbain considéré. En effet, l’évaluation de l’ambiance lumineuse dans un espace urbain ouvert, exige un choix ciblé relevant tous les aspects morphologiques faisant l’objet d’une interaction avec les comportements solaires. De prime abord, le choix de l’échelle se porte systématiquement vers la rue de par la simplicité de la configuration spatiale ainsi que la concentration des activités et des déplacements. Cette échelle rappelle, dans sa forme la plus simple, la rue canyon largement utilisée dans l’analyse de l’effet de chaleur urbain (ICU) dans les espaces urbains (Colombert, 2008).

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Les différentes représentations de la rue dans le milieu urbain (Fleury, 2009)

Une étude élaborée de la morphologie urbaine permet de déterminer à bon escient la pertinence de l’échelle de l’étude. D’abord, l’évaluation de l’ambiance lumineuse dans les espaces urbains ouverts lègue vers le modèle de la rue urbaine (figure ci-dessus) dans toutes ses représentations spatiales (Boulevard, rue, ruelle,) et ses formes (sinueuse, droite, en boucle, etc.). En effet, cette « unité urbaine» formée par un maillage viaire principal et bordée de part et d’autres de bâtiments - regroupe la quasi-totalité des usages ainsi que tous les flux de déplacements qu’ils suscitent. Elle est probablement la plus utilisée dans les recherches thermiques et solaires sous sa forme la plus simple répandue sous le nom de « rue canyon » dans le langage ou scientifique (Nicholson, 1975) (Hoydysh, 1991) (Chan et Kwock., 2000), (Zoumakis, 1995). img

Plusieurs configurations de la rue utilisées pour l’étude d’impact de la géométrie des canyons urbains sur le confort thermique extérieur (Source : Boucheriba, 2011)

Actuellement, une remarquable tendance vers le microquartier fait son apparition, mettant la configuration de l’ilot au cœur de toutes les réflexions morphologiques qui considère le microquartier comme un système complexe comportant les principales composantes de l’espace urbain : parcellaire, viaire, bâti et espaces libres.

Ambiances lumineuses en lumière de jour