par AIR Architecture

« L'architecture est l'art majeur de concevoir des espaces et de bâtir des édifices, en respectant des règles de construction empiriques ou scientifiques, ainsi que des concepts esthétiques, classiques ou nouveaux, de forme et d'agencement d'espace, en y incluant les aspects sociaux et environnementaux liés à la fonction de l'édifice et à son intégration dans son environnement (…) » (Wikipedia)

L’architecte se trouve à la croisée de données complexes et souvent contradictoires, qu’il va décider d’ordonner, de relier entre elles ou non pour concevoir des lieux, des espaces. Chaque architecte se définit ses propres règles à partir de ses savoirs et des ses expériences ; il fait évoluer ces règles, décide de prendre plus ou moins de liberté à leurs égards, fait des boucles et des itérations dans son processus de conception. Les règles renvoient elles mêmes à des champs disciplinaires très différents, qui vont des sciences à la philosophie.

L’Architecte s’inscrit dans une démarche qui peut s’apparenter à celle de la pensée complexe définie par Edgar Morin :

« Quand je parle de complexité, je me réfère au sens latin élémentaire du mot "complexus", "ce qui est tissé ensemble". Les constituants sont différents, mais il faut voir comme dans une tapisserie la figure d’ensemble. Le vrai problème (de réforme de pensée) c’est que nous avons trop bien appris à séparer. Il vaut mieux apprendre à relier. Relier, c’est-à-dire pas seulement établir bout à bout une connexion, mais établir une connexion qui se fasse en boucle. Du reste, dans le mot relier, il y a le "re", c’est le retour de la boucle sur elle-même. Or la boucle est autoproductive. À l’origine de la vie, il s’est créé une sorte de boucle, une sorte de machinerie naturelle qui revient sur elle-même et qui produit des éléments toujours plus divers qui vont créer un être complexe qui sera vivant. Le monde lui-même s’est autoproduit de façon très mystérieuse. La connaissance doit avoir aujourd’hui des instruments, des concepts fondamentaux qui permettront de relier. » (Edgar Morin, La stratégie de reliance pour l’intelligence de la complexité, in Revue Internationale de Systémique, vol 9, N° 2, 1995 in Wikipedia)

Nous voyons donc que nous tentons de décrire ici quelque chose qui ne se décrit pas. Nous ne pouvons que donner des indications sur des règles générales qui, assemblées dans un ordre qu’il est impossible de déterminer, participent à la définition du projet architectural.

La conception au quotidien

Si les architectes ont été initiés au cours de leur formation à différentes approches théoriques que nous décrirons plus loin dans ce document, leur travail au quotidien va le plus souvent venir confronter ces principes à ceux imposés par les différents acteurs du bâtiment, le budget, les normes et le programme…

La relation au programme

La notion de programme s’est affirmée dans la seconde moitié du 20ème siècle avec l’apparition du métier de programmiste, chargé de définir avec les utilisateurs et le maître d’ouvrage les spécificités techniques fonctionnelles des bâtiments ; Ce travail cadre très fort le travail de l’architecte, qui risque de perdre le projet si il ne s’y conforme pas strictement ; Le programme définit la forme des pièces, leurs surfaces, leurs relations entre elles, certaines caractéristiques architecturales. Le programme cadre très fortement la production de l’architecture.

Les ratios de surface et l’économie du projet

L’économie du projet a mis en place des rapports précis entre les surfaces dites utiles, celles définies au programme, et celles de circulations et des espaces communs ; ces derniers sont pourtant un des lieux de production de la qualité architecturale, notamment dans les logements collectifs.
Les ratios de surface sont devenus constamment présents à l’esprit de l’architecte ; il réalise des tableurs pour vérifier leur tenue tout au long de la conception.

Les règlements et les normes

Les codes d’urbanisme, les normes handicapés, les normes incendie, les normes environnementales définissent un ensemble de règles qui cadrent très fortement l’architecture.
Les logements doivent tous être aux normes handicapés qui se croisent avec les ratios de surface dictés par l’économie du projet : Les normes fixent des surfaces minimales et l’économie des surfaces maximales – à ce croisement, l’aménagement des logements est très uniformisé.
Les normes incendie déterminent quant à elles des règles très précises pour tout ce qui est espaces communs et certains aménagements sont rendus impossibles.
Les normes environnementales définissent de manière très précise le ratio d’ouvertures de façades en fonction de leurs orientations. Là encore l’architecte est très cadré dans sa conception.

La technique

Par delà les normes et les règles, les lois de la physique s’appliquent au projet architectural : assise du bâtiment sur le sol, fondations, structure, isolation à l’air et à l’eau, ventilation, lumière, électricité , sécurité …l’architecte inscrit son bâtiment dans un univers à quatre dimensions (trois dimensions géométriques + le temps), soumis aux forces naturelles, et ne peut s’en affranchir. Ces règles pensées initialement pour un univers statique se complexifient avec la prise en compte des phénomènes dynamiques : sismique et ouragan. Les planchers, les structures, les murs et les toits ont des épaisseurs minimales. Le léger supporte difficilement le lourd. Le bâtiment est soumis aux lois de la physique.

Le BIM

La mise en place du BIM (Building Integrated Model) va, pendant quelques années au moins impacter fortement la conception architecturale. Le BIM impose à l’architecte de dessiner son bâtiment dès l’esquisse avec une définition précise de la totalité des détails de construction. Ce niveau de définition de l’esquisse va fortement contraindre sa liberté créative dans la mesure où des détails compliqués qui auraient pu être définis dans des phases plus avancées du projet devront être réglés d’entrée. Ce mode d’expression va donc le guider dans sa création. Le présent document est établi dans un contexte où le BIM est déjà mis en place, avec des bâtiments dont les qualités seront définies très en amont. Ces qualités intègrent les matériaux de finition et leurs qualités réflexives et d’absorption de la lumière.

Ambiances lumineuses en lumière de jour